Aventure Randonnée

Randonner seul.e

J'avance un pas après l'autre, découvrant l'immensité du monde. J'observe les détails. A ceux qui prédisent un monde sans distance, je leurs dis qu'être partout à la fois, c'est être nulle part pour toujours.

Il y a plein de façons de vivre des aventures. Des petites aventures, ou des plus grandes, celles qui laissent une trace dans nos vies. Pour moi, randonner seule, partir en expédition pour plusieurs jours en ne comptant que sur moi même, c’est l’aventure. Et j’aime penser que l’on est tous capable de s’aventurer seul lorsqu’on en a envie.

Pourquoi randonner seul.e ?

J’adore randonner toute seule. Chacun a ses propres motivations à randonner en solo, voici quelles sont les miennes :

Une forme de méditation

Me retrouver seule en pleine nature est une façon de prendre du temps pour moi. De prendre du recul sur les choses. Quand je marche seule, je laisse mes pensées aller et venir, mes émotions aussi. Ce n’est pas quelque chose que je fais facilement lorsque je suis entourée d’autres personnes. Randonner en groupe est une autre expérience, on a tendance à parler, c’est une forme d’échange que j’adore mais qui ne me permet pas d’atteindre ce niveau de conscience qui est propre à l’exploration en solo.

Il me faut aussi souvent du temps avant d’atteindre cet état. Les premières heures sont consacrées à la réflexion, parfois à l’effort physique aussi. Je suis encore dans la planification de ma randonnée, le nombre de kilomètres que je vais parcourir, etc. Puis, c’est le moment de l’introspection. C’est alors une bonne chose de ne pas être interrompue par quelqu’un d’autre qui marche à côté. Enfin ,j’oublie où je suis, je ne pense plus vraiment, mes jambes avancent toutes seules. C’est le moment où certaines émotions font surface, celles qui ne sont pas exprimées dans la vie de tous les jours. Et à chaque fois, je reviens de randonnée beaucoup plus sereine qu’avant de partir.

Le selfie sans perche : quand tu veux un souvenir de ta rando et que tu es toute seule au sommet

Un challenge pour (re)trouver la confiance en soi

Jusque là, je n’ai rien trouvé de mieux que la randonnée en solo pour me convaincre que je suis capable de réaliser des choses, et de me débrouiller seule. Attention, il n’y a pas que la rando, quelle que soit l’activité, réaliser que l’on a besoin de personne pour sortir de chez soi et se retrouver dans la nature, cela donne de la confiance. J’ai croisé beaucoup de personnes qui n’osent pas aller randonner en solo – majoritairement des femmes d’ailleurs – car elles ont peur de ne pas en être capable. La seule chose qui devrait nous retenir d’aller marcher tout seul, c’est lorsqu’on n’en a pas envie. Parfois, je ne veux pas aller randonner seule, car j’ai envie d’être avec mes amis / partager un feu de camp et des vues incroyables avec un autre être humain. Et c’est tout à fait normal de vouloir échanger avec d’autres personnes. Jamais je pense que je ne PEUX pas y aller toute seule.

"I can choose either to be a victim of the world or an adventurer in search of treasure. It’s all a question of how I view my life."

Paulo Coelho.

Lorsque je reviens de ma rando, épuisée après une belle ascension, et bien ressourcée après plusieurs jours de camping en pleine nature, je suis fière de moi. Ce n’est pas incroyable pourtant, je n’ai pas sauvé des vies ou inventé quelque chose, je suis juste allée marcher. Et pourtant cette activité si simple, si primaire, me procure un sentiment d’accomplissement extrême. Il est vrai que souvent j’essaie de repousser mes limites en me donnant un nouveau challenge, que ce soit sur la difficulté du trail ou les conditions de l’expédition. Et l’émotion que je ressens lorsque je réalise que “j’y suis arrivé toute seule” est assez intense.

La randonnée en solo et les femmes – minute women power 🐝

Beaucoup de filles et de femmes parlent du voyage en solo, et c’est génial. Il y en a un peu moins qui parlent de la randonnée en solo – surtout en backpacking. Bien sûr cela est de plus en plus courant ces dernières années – on en entend plus parler grâce aux réseaux, et c’est génial, mais cela reste marginal. J’ai l’impression que c’est aussi plus courant au Canada qu’en France. Cela dit, la plupart des femmes randonneuses que je croise ici me disent qu’elles ne sont jamais allées en pleine nature toutes seules. Souvent par peur de ne pas en être capable, parfois par peur d’une agression (humain ou ours). Alors elles comptent sur quelqu’un d’autre dans leur groupe pour prendre la responsabilité et les emmener randonner. Cela est bien moins fréquent chez les gars. Je ne dis pas qu’il n’y a aucun risque. Mais pour les hommes aussi il y a en a.

Par notre éducation, ou la société de façon plus globale, on a tendance à considérer que les filles sont moins capables d’accomplir des aventures en solo, ou qu’il y a plus de risque pour elles etc. Les hommes sont souvent plus encouragés pour leur côté téméraire, les femmes un peu jugées bizarrement lorsqu’elles entreprennent ce genre d’aventure. Parfois l’intention est bonne, parfois c’est inconscient. Un de tes proches paraît s’inquiéter et te dit “c’est dangereux de faire ça toute seule”, ou “tu pourrais faire une mauvaise rencontre”, ou encore “mais tu n’as pas peur ? Tu es folle”. Le problème, c’est quand cette personne n’a pas le même discours face aux hommes de ton entourage, lorsqu’ils font la même chose que toi. Bien sûr cela change, même si le chemin est encore long à parcourir.

Triglav Summit, Slovenia

Comment randonner tout.e seul.e ?

Ok, je suis motivé.e pour y aller en solo, mais par où je commence ?

Petite checklist du randonneur solo

C’est la moi prudente qui va parler maintenant, car c’est important de ne pas se mettre en danger inutilement. Et surtout car ma maman va lire cet article.

#1 – Ne pars JAMAIS sans dire à quelqu’un où – et pour combien de temps – tu randonnes.

C’est la règle la plus importante et tu dois toujours la respecter. Pas que pour les débutants d’ailleurs. Je ne l’ai pas toujours fait je l’avoue car j’ai tendance à partir sur un coup de tête, parfois je me lève et j’ai juste envie d’aller marcher. Mais dans certains environnements cela peut être dangereux. Au Canada par exemple, il y a de grands espaces complètement sauvages où tu peux marcher des jours sans croiser quelqu’un – ça peut arriver en Europe aussi bien sûr. Il est assez fréquent ici qu’un randonneur – solo ou non – disparaisse en randonnée et doive être secouru.

Comment je fais si je n’ai aucun ami ?
Une vague connaissance ça marche aussi, même si la personne a peu de chances de s’inquiéter si tu disparais. Ou tu écris sur un groupe local de randonneurs sur facebook, ou tu postes sur instagram un selfie de toi et ton sac-à dos. Un bon réflexe à adopter : tu laisses un message sur ta voiture avec la date et heure de ton départ, ton prénom, ta destination et un contact d’urgence. Si tu n’as ni voiture ni ami, ça se complique.

#2 – Choisis bien ton parcours

Selon ton expérience : certains trails sont difficiles techniquement, et sans expérience, il y a plus de chances de se blesser / de tomber dans le vide. Notamment sur de la haute montagne (pas une très bonne idée de partir seul sur ce genre de terrain). Alors, si c’est la première fois en solo, ça peut être bien de choisir une randonnée un peu plus facile que son niveau.

Selon le type de trail : pour commencer, pourquoi ne pas choisir un trail assez fréquenté (sans parler de foule non plus), bien marqué, sans ours ? Certaines zones sont moins “hostiles” en termes de conditions météo – randonner sous la grêle c’est pas cool – où bénéficient des “huts” où il est possible de trouver refuge pour la nuit.
Je pense que le Le Juan de Fuca Trail en BC est un bon trail pour randonneurs solo débutants

#3 – Le matériel minimum

Je ne suis pas une grande adepte du matériel cher et de grande qualité – même si je reconnais que parfois cela fait la différence. En BC, on n’a pas Décathlon alors tous les randonneurs que je croise n’ont que des vêtements de marque (très chers), et c’est sympa mais pas forcément pour tous les budgets.

Il est quand même nécessaire selon moi d’investir dans certains essentiels comme des bonnes chaussures, un sac-à-dos confortable, une veste waterproof, et pour la montagne : des vêtements chauds et un bon sac de couchage.

Les indispensables à emporter avec soi :

🔸 la lampe frontale, car on ne sait jamais si on va devoir randonner de nuit
🔸 la couverture de survie, si tu te perds en forêt lors d’une rando à la journée (c’est mini et ça pèse rien). Et pour les randonnées de plusieurs jours, une tente, matelas et sac de couchage en supplément.
🔸 de l’eau + une gourde + de quoi traiter / filtrer l’eau qu’on trouve sur place
🔸 à manger : mes amis le savent, en temps normal je suis en totale panique quand je n’ai pas assez à manger, je mange aussi très souvent. Pourtant, je suis partie tellement de fois en rando plusieurs jours sans assez de bouffe que c’est devenu une sorte de norme pour moi. Pas besoin d’emporter beaucoup, quelques snacks très nourrissants et légers suffisent pour survivre. Sinon, l’option réchaud + nourriture déshydratée est sympa aussi.
🔸 une boussole / une carte papier / un itinéraire téléchargé avant de partir : l’appli AllTrails est une super ressource pour s’orienter sur un trail, seulement il faut payer la version Premium pour télécharger la carte. Moi je préfère l’option boussole (mais je me perds assez souvent).
🔸 un petit kit de 1er secours ou au moins du gros scotch pour faire les garrots et tenir une plaie (conseil de mon ami docteur). Je n’ai pas de kit 1er secours mais maintenant j’ai du scotch !
🔸 un couteau
🔸 de quoi faire du feu: allumettes, briquet… (à garder au sec)
🔸 des vêtements supplémentaires, et surtout une veste ou poncho imperméable. Les conditions climatiques changent vite, surtout en montagne, ou alors on peut resté bloqué la nuit.

Les petits plus : un sifflet, une corde, une bombe à poivre pour éloigner les ours

Bien sûr, la liste du matériel à emporter est bien plus longue, mais selon moi avec ces indispensables-là tu peux survivre.

#4 – Amuse-toi

J’ai menti, c’est celle-là la règle la plus importante. Profite de ton aventure, kiffe la vie, arrête-toi et prends le temps de regarder autour de toi. Tu es en pleine nature, entouré.e par de la beauté à l’état pur. Tu vas randonner seul.e parce que tu en as envie, alors fais-toi plaisir.

Pour se motiver

Même en étant bien préparé.e, il n’est pas toujours évident de se lancer, et c’est normal. Il y a plein de petites astuces pour commencer en douceur, et de ressources aussi.

Tu peux par exemple, pour une première randonnée en solo, aller sur un trail que tu as déjà fait en groupe. C’est toujours plus facile lorsqu’on connaît le chemin. Commence aussi par une randonnée à la journée avant de se lancer sur une expédition de plusieurs jours. Il y a aussi beaucoup de conseils sur le web, ou sur les groupes de randonneurs sur Facebook. Parle de tes envies de rando en solo à d’autres personnes qui l’ont déjà fait, ça aide.

Tu veux te lancer et tu aimerais être guidé ? N’hésite pas à me contacter, je serai ravie de t’accompagner dans ta démarche. Je prends souvent avec moi des personnes débutantes en rando, et je développe un programme online pour accompagner les filles qui veulent se lancer toutes seules sur des aventures outdoor.

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Muldai Summit, Nepal

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