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Le tour des Annapurnas : chapitre II

Une aventure hors des sentiers battus, à la poursuite des levers de soleil sur les plus hauts sommets du monde.

Après avoir marché presque 10 jours sur la partie Est du circuit, et m’être reposée une bonne journée à Pokhara pour me remettre de ce bon vieux compagnon le mal des montagnes, me revoilà en route pour gravir des sommets. Enfin, côtoyer de près des sommets.

Retrouver le récit de la première partie des Annapurnas ici.

La nouvelle boucle consiste en 5 jours de marche de Naya Pul à Phedi. Cette partie est beaucoup plus touristique que l’Est, car beaucoup de personnes empruntent cette partie pour aller à Poon Hill, spot réputé pour le lever du soleil. C’est aussi plus “accessible”, avec plus de choix d’hébergements, des escaliers tout le long du circuit. Equipée d’une carte achetée à Pokhara, je suis bien décidée à trouver un sentier secondaire au tour des Annapurnas pour éviter le flot de randonneurs.

Description du parcours

Jour 1 : Naya Pul → Ulleri

Cette section est caractérisée par les rizières, les ponts suspendus et les escaliers. Tellement de marches! J’ai l’impression d’être de retour en Chine, lorsque je montais les 140 000 marches jusqu’à Emeishan. Come on Girl, rien n’est plus difficile que Emeishan. Il y a beaucoup de touristes, tous avec des porteurs, et malgré tout ce monde, je me sens un peu plus seule sur cette partie du circuit. Je ne repère pas de randonneurs comme moi, seuls ou en petit groupe, j’ai l’impression qu’ils sont tous en tour organisé.

Jour 2 : Ulleri → Deulari

Les vues depuis le Deurali Pass, au dessus d’une mer de nuages, sont le moment fort de cette journée. Sur la carte que j’ai achetée, je repère un sommet, le Muldai, à 3637m, et un sentier y accédant par le versant sud qui n’est pas sur les cartes touristiques de la région, ni sur mon appli Maps.me. Je décide donc de passer par là. La meilleure option est de s’arrêter pour la nuit dans le minuscule village de Deurali (il y a 2 maisons), juste après le Deurali pass. D’après mes calculs, je devrais en avoir pour 3 ou 4 heures de marche pour arriver au Muldai Point depuis ce village. Je suis ravie de constater que très peu de randonneurs s’arrêtent là, ce soir là je suis la seule touriste qui reste.

Je passe la nuit chez une famille très sympathique, je prends le repas avec eux le soir. Le père parle un peu anglais. Lorsque je lui dis que je veux partir dans la nuit vers 2 ou 3h du matin pour arriver au Muldai Point au lever du soleil, il me regarde bizarrement, puis m’explique que ce n’est pas très prudent, qu’il y a des animaux sauvages dans le coin, notamment des yaks pas très commodes qui rodent, et d’après les rumeurs, des ours. Surtout sur un sentier où je dois être la seule touriste à m’aventurer. Ils sont sympa les népalais, ils font preuve de beaucoup de douceur. Chez moi, dans le sud de la France, on m’aurait dit “t’es fada ma pauvre fille”.

Jour 3 : Deulari → Tadapani

Sur les conseils de mon hôte, j’ai finalement décidé d’observer le lever de soleil depuis la petite colline derrière la maison, à 30 minutes de marche. Je ne suis pas déçue, c’est magnifique et puis je suis toute seule, appréciant les magnifiques couleurs du matin éclairant sur les montagnes, dégustant mon thé au lait de yak. J’ai un léger côté agoraphobe quand je suis en pleine nature.

Le Muldai Point, hors des sentiers battus.
J’ai passé la journée de marche complètement seule, sans croiser un seul autre randonneur sur le sentier avant d’arriver à Tadapani. Cette sensation d’être seule en pleine nature était incroyable. Mon hôte avait raison, il aurait été dangereux de m’aventurer la nuit sur cette ascension. Je ne me suis pas perdue, mais j’ai dû utiliser ma boussole à plusieurs reprises pour trouver le bon chemin jusqu’au sommet. J’ai mis environ 4h à monter, surtout parce que je faisais beaucoup de pauses pour admirer le paysage et profiter de ce moment exceptionnel.

Jour 4 : Tadapani → Pothana

Cette journée fut la plus longue, j’ai marché pendant 10 heures, avec beaucoup de ups & downs. Je me suis un peu égarée dans les rizières, un villageois qui travaillait au champ m’a aidée à retrouver le sentier. La partie la plus difficile était la traversée de la vallée juste après le village de Gandruk, car après avoir descendu 1400m de dénivelé, le chemin remonte sur l’autre versant et il faut se retaper presque 1000m de dénivelé positif. Je décide d’aller le plus loin possible car j’ai prévu de retrouver Mathilde à Pokhara le lendemain. Je pousse donc jusqu’au sympathique village de Pothana, et arrive à la tombée de la nuit.

Jour 5 : Pothana → Pokhara

Après un magnifique lever de soleil sur le Fishtail (de son vrai nom Machapuchare), je me mets en route pour le village de Phedi, et après seulement 2 heures de marche je prends le bus pour rejoindre Pokhara et retrouver Mathilde.

Pokhara

Avec ses nombreux bars et restaurants, ses boutiques de trekking et de souvenirs, son emplacement au bord d’un lac, avec une vue sur les montagnes de l’Annapurna, Pokhara est un véritable havre de paix pour les randonneurs venus se lancer sur un trek. Certes, toute ces commodités touristiques peuvent donner à la ville un côté peu authentique, et il est vrai que pour expérimenter la culture népalaise, ce n’est certainement pas le meilleur spot. Cela dit comme toujours, en s’éloignant un peu de l’hyper centre où sont concentrés les touristes, et en cherchant à rencontrer les locaux, on tombe parfois sur des bonnes surprises. Ce qui est sûr, c’est qu’après un trek de 15 jours, se retrouver à Pokhara pour chiller apparaît comme le comble du bonheur – et du confort. 

Bilan du trek

14 jours de marche, 169 km. Les deux parties du trek étaient très différentes. J’ai préféré la section Est de Besisahar à Ledtar, moins touristique, plus mystique, mais bien plus éprouvante physiquement. La boucle Ouest, bien que moins authentique vue la présence importante de randonneurs, offre d’incroyables vues sur les montagnes, et il est facilement possible de sortir du circuit classique des Annapurnas et profiter de la nature sauvage. L’altitude plus basse rend aussi cette section plus accessible.

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